Le principe de l’engagement des vétérans guide le Centre d’excellence, ce qui veut dire que nous travaillons directement avec les vétérans pour comprendre véritablement les difficultés auxquelles ils se heurtent quotidiennement en raison de la douleur chronique.

Conformément à ce principe de l’engagement des vétérans, le Centre d’excellence a créé le Conseil consultatif des vétérans dans le cadre duquel des vétérans de partout au Canada conseillent le Centre d’excellence sur les recherches que nous devrions mener en matière de gestion de la douleur chronique. Nous avons tenu notre réunion inaugurale du Conseil consultatif les 14 et 15 septembre derniers à Hamilton et les vétérans y ont assisté en personne et de manière virtuelle. Lors de la réunion, les vétérans ont collaboré avec des chercheurs en leur donnant leur avis pour les aider ainsi à formuler et à fixer les priorités des recherches. Les vétérans ont également parlé de leurs expériences personnelles, raconté comment ils géraient la douleur chronique et ce qui, dans leur cas, s’était avéré le plus efficace.  

Nous vous présentons aujourd’hui deux des vétérans du Conseil consultatif du Centre d’excellence.

Bruno Guévremont

Bruno est un vétéran, un entrepreneur, un explorateur du pôle Nord et un ambassadeur des jeux Invictus, pour ne nommer que quelques-unes des cordes à son arc. Bruno a passé 15 ans en service militaire actif, dont deux affectations en Afghanistan où il a fait partie d’une équipe anti-explosifs; il a été libéré des Forces armées canadiennes (FAC) pour raisons médicales en 2014.

Après son service militaire, Bruno a eu l’impression qu’il devait recommencer à zéro et recadrer ce que serait sa nouvelle vie dans son nouveau corps. Il s’est dit : « Qu’est-ce que je faisais régulièrement lorsque j’étais à mon meilleur? » Et sa réponse a été : de l’activité physique.  

En 2014, Bruno a participé à une expédition difficile avec des vétérans et des civils (dont des PDG et des chefs de file de l’industrie) au pôle Nord, avec la fondation La Patrie gravée sur le cœur, un organisme de bienfaisance canadien qui rend hommage aux sacrifices des membres des FAC, des vétérans et de leurs familles. Pendant l’expédition, Bruno et les autres membres de son équipe ont dû porter leurs propres bagages – pas seulement leur nourriture et leur ravitaillement, mais aussi leur « bagage » psychologique du service militaire. Un vétéran aussi membre de l’expédition avait perdu l’usage de ses jambes de sorte que d’autres vétérans l’ont porté à tour de rôle, lui et son ravitaillement. Bruno est devenu coach d’autres membres de l’équipe, vétérans comme civils, lorsqu’ils vivaient des moments difficiles et il les a encouragés à persévérer.  

Cette expédition s’est révélée une expérience de guérison incroyable parce qu’elle a donné à Bruno la chance de se dépasser physiquement avec une équipe en qui il pouvait avoir confiance et qui l’a appuyé à son tour. L’expédition lui a aussi montré combien le fait d’aider les autres contribuait à sa propre guérison.

Bruno est resté actif physiquement après l’expédition au pôle Nord et il a rapidement ouvert son propre gym à Victoria, en Colombie-Britannique. Comme il était entraîneur depuis ses 19 ans et qu’il possédait déjà son attestation et son diplôme, ce choix était idéal. La première année, son entreprise comptait 60 clients. Après trois ans, sa base de clientèle était passée à 180.

« Les vétérans savent ce que c’est d’être en pleine forme, à 100 %, parce que la vie militaire nous fait acquérir cette forme physique et même plus, dit Bruno. Cependant, une fois libérés pour des raisons médicales et obligés de composer avec de nouvelles limites, il nous faut repenser ce que veulent dire les concepts de bonne forme physique et de bien-être pour que ces états soient durables à la fois pour nous et notre nouveau corps. On ne peut peut-être plus courir 5 km comme avant, mais on peut peut-être faire 1 km de vélo à la place. Ce qui est important, c’est de trouver un programme de conditionnement physique et de bien-être mental qui convient à long terme aux vétérans. »

Bruno est également le premier défenseur de la santé mentale des vétérans de la campagne Bell cause pour la cause dans le cadre de laquelle il parle avec des vétérans partout au Canada de bien-être mental.

Bruno dit que de voir quelqu’un qui lui ressemble – un grand gars musclé avec des tatouages et une barbe – parler de santé mentale aide à faire tomber les préjugés entourant la santé mentale qui peuvent empêcher la gestion de la douleur chez les vétérans atteints de douleur chronique.

« Sommes-nous des êtres qui font ou des êtres qui sont? Contentons-nous d’être. Il n’y a rien à réparer chez vous. Vous vivez simplement une période difficile, ce qui est normal. C’est tout. C’est un traumatisme. »

Dawn Herniman

Dawn Herniman a fait partie des FAC pendant presque 30 ans et elle a pris sa retraite en 2018. Elle portait alors le grade de lieutenant-commandant. Entre autres nombreuses qualifications, Dawn a fréquenté le Royal Roads Military College et le Collège militaire royal de Saint-Jean, puis a fait une maîtrise ès arts en psychologie à l’Université Carleton.

Depuis sa retraite des FAC, Dawn est devenue une experte du yoga et de la méditation qui peuvent être des outils pour les vétérans qui veulent acquérir une résilience mentale et physique dans leur cheminement vers la guérison.

Dawn n’a pas toujours fait de yoga. Avant de commencer sa pratique, elle, comme bien d’autres, voyait le yoga comme des « cours d’étirement pour les hippies ». Cependant, après l’essai de différents types de yoga, elle a rapidement adopté cette pratique qui l’a aidée à demeurer bien ancrée dans la réalité et présente à son nouveau corps.

Comme Bruno, Dawn comprend que la gestion de la douleur chronique veut dire que les vétérans doivent réapprendre à vivre avec leur nouveau corps. Ce nouvel apprentissage implique d’être bienveillant à son propre égard.

« Quand on est un militaire, on est en concurrence constante avec soi-même et avec tous ceux et celles qui nous entourent pour être les meilleurs et pousser notre corps au-delà de la limite que notre esprit tente de nous fixer, dit Dawn. La douleur chronique et le traumatisme en général fonctionnent de manière semblable parce qu’ils empêchent l’esprit et le corps de bien communiquer. Voilà pourquoi il est si difficile d’expliquer notre traumatisme aux professionnels de la santé. Donc, en présence de douleur chronique, la première étape consiste à écouter son corps, parce qu’on n’est plus en concurrence avec soi-même. »

Écouter son corps veut parfois dire apprendre ce que sont nos nouvelles limitations et quelles activités, qu’il s’agisse de yoga, d’activités physiques ou autres, fonctionnent pour soi et quelles activités ne sont plus possibles.

La pratique du yoga aide Dawn à vivre en pleine conscience et à rester physiquement active sans éprouver de douleur. Comme elle le dit : « Le mouvement est un onguent. Notre corps a besoin de bouger. Ce n’est pas parce que notre nouveau corps nous impose de nouvelles limitations que nous devons arrêter de faire de l’exercice. En fait, en raison même de ce nouveau corps, il est encore plus important de rester actif de toutes les manières possibles. »

Dawn est maintenant professeure de yoga et compte plus de 500 heures de formation en yoga et en méditation. Elle possède des certificats et des qualifications en hatha yoga, en yoga sur chaise, en Yin et en Warriors at EaseMD, en thérapie posturale intégrative et en yoga Nidra iRestMD, un yoga de guérison qui tient compte des traumatismes.

Comme tous les styles de yoga ne conviennent pas à une personne donnée, le Centre d’excellence travaille avec Dawn à l’enregistrement des vidéos dans lesquelles elle enseignera des techniques de yoga que des vétérans atteints de douleur chronique ont utilisées avec elle.

Nous reviendrons à Dawn le mois prochain pour parler de certaines techniques de yoga particulières pour les vétérans. Dawn espère que les vétérans seront plus nombreux à essayer le yoga et, espère-t-elle, à en comprendre la valeur, tout comme elle l’a fait.

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